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"La troisième guerre mondiale pourrait advenir si le Pentagone bombarde la chaîne Russia Today [RT] ; je ne doute pas que, dans ce cas, les Russes réagiraient en détruisant CNN", affirme, provocateur, le cinéaste serbe Emir Kusturica en 2015. C'est qu'on ne peut plus parler de "guerre de l'information" sans citer ce média russe lancé au milieu des années 2000. Fondé sur des bases modestes à l'initiative du Kremlin, d'abord pour améliorer la réputation du pays, le réseau RT est devenu, quinze ans plus tard, un emblème de son influence internationale et de ses mutations à l'ère post-soviétique.
Petit à petit, le groupe tente de s'imposer comme une source globale "alternative" capable de concurrencer les "médias mainstream" occidentaux. La devise sceptique de RT, Question more, l'affiche sans détours. En réalité, son approche éditoriale n'a cessé de s'aligner sur l'action gouvernementale et de répercuter les représentations des élites du pouvoir. Depuis la crise ukrainienne et les accusations d'ingérences russes dans les élections américaine et française, la posture relativiste, corrosive et controversée de RT apparaît même souvent, aux yeux des démocraties libérales, comme une menace à endiguer.