Serge Gainsbourg est et restera un artiste polymorphe, hors normes et hors système. Né de parents émigrés russes en 1928, il vit une enfance à la fois équilibrée et tourmentée entre l'amour qu'ils lui portent et l'horreur de l'étoile jaune. Traumatisé par un physique qu'il juge ingrat, il va pourtant associer son talent à quelques-unes des belles femmes du monde. La gente féminine sera la clef de son inspiration. Car même si son œuvre, lancée avec Le Poinçonneur des Lilas, est saluée par l'intelligentsia, Boris Vian en tête, Gainsbourg n'en vivra pas et n'y trouvera aucun épanouissement. Il a pourtant soif de reconnaissance et celle d'une poignée d'intellectuels ne lui suffit pas. La génération des sixties mettra en évidence son génie d'auteur compositeur. Les interprètes, dont France Gall et Brigitte Bardot sont les fers de lance, vont se succéder et lui apporter le succès. Mais une jeune Anglaise va lui faire connaître la gloire. Jane Birkin, dont le nom sera éternellement associé au sien, révélera ses talents de Pygmalion. Avec elle, il va former l'un des couples les plus en vue. des années 1970 et, surtout, créer l'œuvre qui va assurer sa postérité. Jane Birkin s'incarne en Melody Nelson et lui offre l'occasion de donner leurs traits définitifs à ses fantasmes. De ceux-ci naîtront quelques personnages essentiels : l'homme à tête de chou, le poète timide et écorché, mais aussi le triste Gainsbarre, clown cathodique et provocateur. Serge Gainsbourg demeure aujourd'hui le représentant français du plus fort courant musical de la fin du siècle passé, celui de la musique pop, de la même manière qu'il s'était inscrit dans la famille des poètes nés de la fin des années 1950.