En quatorze chapitres et autant de portraits de Cubains saisis dans leur quotidien et leurs rêves, ce livre dessine le Cuba des dernières années : celui des restrictions de la " période spéciale en temps de paix " instaurée par Fidel Castro, à la chute du bloc de l'Est. Une " période " qui est aussi celle des prix fixés en dollars, du maintien de l'embargo américain et de l'ouverture au tourisme. En attendant la mort du " Commandant en chef ", Daylen et Yousi les jineteras, José-Luis le taxi, Yahima l'adepte de la santeria, ou Iosbany le maricon, se débrouillent au jour le jour dans l'absurdité d'un système oppressant et déconnecté du réel. Pour les 50 % de Cubains âgés de moins de vingt-cinq ans, que peut encore signifier le pathétique slogan : " le Socialisme ou la Mort " ? Loin du paradis des cartes postales, dans une Havane somptueuse et dévastée, nos héros ordinaires incarnent, sur fond de sexe et de salsa, la fête désenchantée " d'une jeunesse somnambule, pour qui s'habiller, boire, manger, baiser, jouir de l'instant est devenu la seule préoccupation qui vaille, hormis celle de fuir ce pays ". Les auteurs ont beaucoup hanté les jours et les nuits de La Havane. Entre le reportage et la fiction, ils abordent, sans conformisme, les thèmes de la dictature, de la prostitution ou de la religion... Au-delà, ce livre est un voyage charnel au cœur d'une ville écorchée, d'une histoire déconcertante et d'un peuple farouchement vivant.