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" Si la géographie des bourreaux a permis l'extermination de millions d'êtres humains, il ne reste d'elle que ruines et musées. A l'opposé, la géographie du texte de Si c'est un homme ne cesse de vivre et de vivre encore, à mesure que des mains de lecteurs se saisissent du livre, et le lisent, s'en saisiront dans le futur et le liront, géographie donc ô combien vivante, innervée, nourrie, palpitante, humaine.
Humaine parce que jamais le texte ne parle d'autre chose, même en creux, que d'humanité. C'est l'humanité qui s'enfuit. C'est l'humanité que l'on malmène. C'est l'humanité que l'on broie comme un grain dans un mortier. C'est l'humanité que l'on nie. C'est l'humanité que l'on tente d'effacer, mais c'est l'humanité qui demeure. Elle demeure dans la voix de Primo Levi qui ne cède que rarement à la colère et qui fait le choix d'une description posée des faits, des actes, des lieux, des états et des sentiments.
Exempt de hargne, vide de rage et d'esprit de vengeance, le récit accueille les ombres, les silhouettes, les visages, les souffrances de ceux dont "la vie est courte mais le nombre infini". " Philippe Claudel
Un témoignage bouleversant
Un récit qui nous emmène au cœur du camp d'Auschwitz entre janvier 44 et la libération par les Russes en 45 pour y découvrir l'inconcevable, l'effroyable vie de ces prisonniers.
Un pan de notre histoire dont aucun mot n'est assez fort pour en décrire toute l'horreur.
Pourtant, ici, Primo Levi nous livre un témoignage sans excès et sans haine.
Une narration d'une simplicité et d'une lucidité incroyables.
Sous une plume qui se veut sans désir de vengeance, l'auteur se fait témoin et narrateur d'un cauchemar qu'il a vécu au quotidien.
Il réussit très bien à analyser et nous transmettre ce processus de déshumanisation qu'il a subi depuis son arrivée au camp, cette arme redoutable et impitoyable.
Pour ne pas oublier et pour transmettre, il nous raconte ce qu'il a vu, ce qu'il a vécu, ce qu'il a enduré.
Au fil des phrases j'ai souffert dans la boue, j'ai eu froid sans vêtement, j'ai eu mal aux pieds dans des galoches, je me suis réjouis avec ce supplément inespéré de soupe.
Des mots très simplement couchés mais qui m'ont transporté jusqu'à la dernière page.
Un récit bouleversant.
"Détruire un homme est difficile, presque autant que le créer : cela n'a été ni aisé ni rapide mais vous y êtes arrivés, Allemands. Nous voici docile devant vous, vous n'avez plus rien à craindre de nous : ni les actes de révolte, ni les paroles de défi, ni même un regard qui vous juge."