Biographie de Nayla Debs
Nayla Debs est attachée au Moyen Orient et, singulièrement, à son Liban natal. Cette géographie du coeur l’anime d’une grande colère face à ce qu’est devenue au fil du temps sa patrie. Un objet politique pantelant, marionnette en sursis livrée en pâture aux jeux des États du monde. Cette colère viscérale s’apaise pourtant dans la pensée d’une fleur, d’un cactus, d’un frangipanier ornant le jardin féérique qui abrite ses rêves au cœur de Gemmayze, au centre de Beyrouth. La rumeur du monde s’y évanouit au profit des souvenirs d’enfance dont la lente décoction en son âme produit des mots délicats et bientôt un récit venu du fond des âges. En quête de cette temporalité pacifique, Nayla Debs conquiert un champ littéraire où l’enfance jaillit dans sa pureté immaculée, sa force, son authenticité, sa spontanéité. Que penser de cette petite Layna faussement féroce parce qu’au fond extrêmement sensible, presque masculine pour échapper à l’aveu d’une féminité débordante, tant abrupte que sensuelle, montrant de la sauvagerie au moment où son cœur lui dicte déjà passion et compassion… L’héroïne rejoint bien évidemment sa créatrice. Laquelle fait vibrer sa vie sur les mêmes antagonismes. Si Nayla Debs a étudié au Collège Protestant français de Beyrouth tout en grandissant à l’ombre d’un culte chrétien oriental, sans doute en a-t-elle tiré ce paradoxe d’aimer autant le dénuement que le faste. Mais, par-dessus toutes les contradictions propres à chacun, ce qui la caractérise le plus profondément, c’est son amour de la culture. Un amour qui pourrait être épicurien : manger une figue et un morceau de pain, mais ne jamais déroger à l’axe central de son existence, se cultiver. Verbe qui lui sied éminemment quand on sait que ses compétences autodidactes de jardinier-paysagiste - alors qu’elle est économiste de formation - révèle sa passion du végétal, tandis que la terre lui offre matière à la création d’un monde sculptural, en quête des origines et de la profondeur d’âme de modèles réels ou imaginaires. Nayla Debs cherche, certainement depuis ses premières années, à saisir l’essence de l’instant. Cet affleurement du temps qui pose sur nos vies le sceau de notre finitude en même temps qu’une once d’éternité. Le déploiement lent, parce qu’atemporel, de l’enfance dans son roman Sofar blues est le fruit porté à maturité de son écriture. Un temps qui est au plus proche de l’instant et dont il ne faut jamais perdre en paroles ou actes vains le trésor de vie qu’il représente. Sur ce versant fragile et précieux de l’existence, Nayla Debs ne transige pas et consacre tout son être-au-monde à cette authenticité et à la captation dans la nature et en l’humain de ce qui fait leur beauté.