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Dans l'enfer de Vauquois, "monstrueux gâchis de vies humaines", l'écrivain Charles Vildrac (1882-1971) échappe plusieurs fois à la mort. Pour ce pacifiste qui n'est pas dupe "des ordres absurdes ou révoltants pour la conscience comme pour le sens commun", il est impensable de tuer le soldat d'en face. Devenu caporal-brancardier, il est au printemps 1916 l'un des 73 pauvres hères de sa Compagnie (qui en comptait 240), encore survivant "sous les obus et les crapouillots, parmi les blessés et les morts".
En juin, grâce aux démarches de sa femme, Vildrac est affecté à la Section de Camouflage et bientôt envoyé en Italie. Il est démobilisé fin 1918. Relisant son journal, ses poèmes, les lettres envoyées à sa famille, Vildrac entreprend dans les années 50-60 ce récit, resté inédit jusqu'à aujourd'hui. Célébrant avec tendresse ses "bons copains", il décrit leur vie commune de misère, de fracas et de barbarie, cette expérience du "dépassement de l'épouvante", rarement adoucie par d'infimes instants de bonheur pur : savourer des cerises cueillies au péril de sa vie, se laver dans une rivière, écouter de la musique la nuit, dormir parfois dans un lit, galoper à cheval près des étangs.