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Le photographe Gilles Ehrmann naquît à Metz, le 3 septembre 1928, de parents employés de bureau. Adolescent, il se réfugie avec sa mère à Avignon pendant la guerre. A la fin du conflit, il quitte le Vaucluse pour entamer des études à l'Ecole des Arts décoratifs de Paris, qu'il achève en 1949. Introduit dans le milieu artistique parisien par ce biais, il rencontra poètes et plasticiens, avec lesquels il collabora à plusieurs reprises en tant que photographe.
Il découvrit la photographie au début des années 1950 et travailla rapidement à son premier projet, Provence Noire dont la couverture originale est réalisée par Pablo Picasso publié par les Editions du Cercle d'Art en 1955. Les textes accompagnant les photographies sont écrits par le poète André Verdet et la couverture originale est réalisée par Pablo Picasso. L'ouvrage rassemble des paysages de la Provence sauvage et des portraits de ses habitants, parmi lesquels on reconnaît Marc Chagall, Fernand Léger et Georges Braque.
Gilles Ehrmann et André Verdet collaborent à nouveau en 1956 pour l'ouvrage De Saint-Paul-de-Vence publié par les Editions Pierre Cailler, où ils réalisent un portrait de la petite ville provençale. La même année, le photographe publie aux Editions du Cercle d'Art un grand reportage réalisé en U.R.S.S. Il y illustre à la fois les monuments et les paysages du " bloc de l'est ", ainsi que ses habitants.
A partir de 1956, Gilles Ehrmann s'intéresse à la photographie d'architecture. Il documente les réalisations et le travail d'architectes tels que Dominique Zimbacca, Claude Parent et André Jacquemain et suite à sa rencontre avec André Bloc, il devient un collaborateur régulier des revues Aujourd'hui et Architecture d'Aujourd'hui. En 1958, Jacques Vuillet lui propose une commande pour EDF qui va l'amener à la découverte d'installations électriques de différents pays en Europe et dans le reste du monde.
La même année, il est invité par Jacques Dumont à illustrer des articles (" La jalousie " 1958, " La mère de famille " 1961, " la Marée " 1962) du magazine illustré Réalités et cette contribution régulière se poursuit jusque dans les années 1970. Parallèlement à ces travaux de commande, le photographe mène des projets plus personnels. Parmi eux, on trouve des collaborations avec le poète roumain Ghérasim Luca, avec lequel il réalise les deux ouvrages Crier taire sourire fou, publié en 1961 et Œdipe Sphinx, sur la base d'un travail réalisé entre 1960 et 1976 sur des catacombes, mais qui ne sera toutefois jamais publié.
Les Inspirés et leurs demeures, publié en 1962 aux éditions Le Temps, avec une préface d'André Breton figure au rang des grands succès du photographe et est couronnée en 1963 du prestigieux prix Nadar. Cette série réunit un grand nombre d'images documentant des réalisations d'art brut dans des habitations et des jardins en France. Le photographe continue également à parcourir le monde pour documenter les paysages de tous les pays et leurs habitants : en 1962, il documente la Laponie finlandaise et en 1968, il réalise un reportage en Inde, au Népal et en plus généralement en Asie du Sud, titré Faire un pas.
En 1979, il photographie l'histoire et le travail artisanal des Compagnons dans une série appelée Le Compagnonnage. Au début des années 2000, il réalise encore deux ouvrages : 42 rue Fontaine : L'Atelier d'André Breton, publié en 2003 aux Editions Adam Biro et Les révoltés du merveilleux réalisé avec Charles Soubeyran et Robert Doisneau et publié aux Editions Le Temps en 2004, avant de s'éteindre en 2005, à Paris.