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Qui ne rêve des pays d'en haut ? La Lozère est de ceux-là. Haut plateau à la géographie difficile, aux paysages qu'on dit parfois lunaires en été et, en hiver, sibériens, elle sut attirer au début des années 60 un cinéaste italien, le prince Ruspoli. Fleuron du cinéma direct, un film inoubliable s'ensuivit : Les Inconnus de la terre, dédié à la pauvreté des paysans de montagne et à l'isolement en général.
Une manière d'hommage et de respect, le même respect qu'il montra pour les malades dans Regard sur la folie, tourné la même année, qui, lui aussi, fit événement. Cinquante ans après Ruspoli, le réalisateur Jean-Christophe Monferran et l'auteur, flanqués d'une comparse sociologue, Françoise-Eugénie Petit, partent sur les traces des Inconnus. Loin de toute nostalgie, ils veulent mesurer avec les acteurs de 1961 le chemin parcouru.
Histoires de vie, donc, histoires de lieux aussi : Aubrac, Margeride, Cévennes. Ce sera Traces, produit en 2012 par le CNRS. Saison après saison, participant à cette enquête cinématographique, l'auteur n'en demeure pas moins ethnologue et, à partir de son journal de terrain, il tenait à faire partager les rencontres, les ambiances villageoises, et surtout le souvenir que Les Inconnus a laissé localement.
Pas strictement récit de tournage, au fil des portraits, l'ouvrage n'en dévoile pas moins les surprises, les déceptions aussi mais les petits bonheurs - les petits secrets de fabrication donc - et propose plus largement une réflexion sur la réception des films en milieu rural.