Les fondations de toute autobiographie reposent sur ce que quelques chercheurs ont nommé le pacte autobiographique, la présence et l'alliance de trois " je " : celui de l'auteur, du narrateur, et du personnage principal. Les trois " je " se confondent, tout en étant séparés par le temps. Mais dans Ton Autobiographie, Alain Gluckstein, l'auteur, permet au narrateur d'écrire à la seconde personne, d'employer le " tu ". Ainsi se crée la distance, qui abolit ta notion d'unicité de l'individu, chère au Rousseau des Confessions. Dans Les Mots, Sartre parle d'un miroir critique qui offre son image à tout homme. Mais avec ta dérision si particulière de l'humour juif, Alain Gluckstein défie quiconque d'imaginer le héros de l'autobiographie en qualité d'" un homme comme les autres ". Promis, vous sourirez, vous, rirez, vous l'aimerez, il est vous et un autre, unique et semblable, moqueur, ridicule, glorieux et pathétique, burlesque et sérieux, dérisoire, au risque de toute humanité. L'" autobiographie " d'Alain Gluckstein raconte chacun, autant rhétorique du moi que rhétorique des autres. Dans la tradition d'un Philip Roth.