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«Apprêtez-vous à voir de plus en plus souvent des photographies et des documents en incrustation dans des livres», écrivait Pierre Assouline en 2010. Le critique du Monde des Livres entendait attirer l'attention sur la mutation induite par le foisonnement des images photographiques dans les livres électroniques à venir. Mais pas exclusivement. En réalité, au-delà de la tradition de l'illustration, la photographie est présente à bien des titres, depuis bientôt près de deux siècles, non seulement dans des livres, mais dans l'acte littéraire lui-même, et tous genres (récits, romans, poésie, etc.) confondus.
Approfondissant et critiquant l'approche auparavant posée dans Littérature et photographie (PUR, 2008), se distinguant aussi des problématiques relevant des Visual Studies, ces Transactions photolittéraires entendent à présent proposer de nouvelles bases théoriques à l'étude des relations entre littérature et photographie. Si le modèle sémiotique initié dès les années 1970 a permis d'opérer des découvertes, il a aussi rencontré probablement ses limites, soit en raison de l'inventivité des écrivains actuels et des couplages nouveaux qu'ils proposent, soit parce que ce modèle a laissé de côté, dans des oeuvres moins contemporaines (des années 1930 à 1960 notamment), des échanges, des interactions, des relations en diagonales qui ont eu lieu dans un «territoire photolittéraire» qui demeure à explorer comme tel.
Constatant que depuis longtemps les photographes et les écrivains ne forment plus deux mondes distincts, que leurs échanges sont incessants mais jamais sans intérêts réciproques, ces Transactions photolittéraires se proposent, sous l'égide de l'idée de «photo- littérature», de renouveler la conception théorique de ces objets livresques et de ce voisinage créatif qui, bien qu'il soit souvent passé inaperçu, ne nous en est pas moins de plus en plus familier.