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Ce livre initialement paru en 1963 est resté indisponible pendant plus de trente ans. Issu d'une enquête collective menée dans un contexte de guerre, il dissèque les rapports de domination propres au système colonial mis en oeuvre par la France en Algérie. La déstructuration de la société traditionnelle algérienne confrontée à l'introduction de l'économie de marché ne produit pas seulement chômage et précarité parmi les sous-prolétaires, mais un bouleversement de leurs conduites économiques et de leurs repères temporels.
La présentation initiale du livre questionnait ainsi : "L'Algérie du silence a trouvé ses écrivains publics. En rapportant et en exprimant, quand il le peut, dans le langage des chiffres ce que d'autres hommes lui ont dit et ce qu'ils n'ont pas dit mais que leurs mots et leurs actions trahissaient, le sociologue s'essaie à dévoiler la vérité de ce passé, gros de la vérité du présent qui le nie, le dépasse et par là même le conserve.
Peu de pays colonisés ont connu des bouleversements aussi profonds que l'Algérie, même rurale : faut-il conclure que les couches les plus"révolutionnées", paysannerie et sous-prolétariat urbain, soient les plus révolutionnaires ? Les contradictions que le système colonial a engendrées et qui survivent à sa disparition ne sont-elles pas d'autant plus redoutables qu'elles sont plus cachées et qu'il est trop tentant de n'y voir que le fantôme du colonialisme défunt ? " Cette nouvelle édition propose des documents complémentaires originaux, ainsi qu'un dossier éditorial (avec des articles de Claude Seibel, Pierre Vidal-Naquet, Tassadit Yacine).
Elle donne ainsi à voir la portée majeure de cette enquête pionnière, indispensable à qui veut comprendre les modes de domination liés au travail et à sa précarisation.