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La définition de l'articulation entre le temps dévolu au travail et celui qui ne l'est pas est un enjeu majeur pour l'équilibre et la survie de toute communauté humaine. Depuis plusieurs années, notre société est confrontée à une nouvelle crise du capitalisme qui met à mal cet équilibre en générant un chômage de masse mais également une précarisation du travail et une remise en cause de certains acquis sociaux tels que la réforme des 35 heures ou l'âge de départ à la retraite.
Pour répondre aux contradictions du mode de production capitaliste, une réorganisation des temps sociaux tend ainsi à se mettre en place en imposant ses critères de compétitivité et de flexibilité du travail. Si le socialisme, au cours de son histoire, s'est progressivement identifié à l'amélioration des conditions de travail et à la conquête d'un temps libre pour tous, il semble aujourd'hui remettre en question ce qui constitue l'un des traits essentiels de sa culture politique.
En effet, le socialisme, dès ses origines et malgré la diversité de ses courants, a toujours été porteur d'une vision de la société au sein de laquelle chacun pourrait travailler au bien commun tout en jouissant par ailleurs d'un temps libéré par une organisation rationnelle de la production. Dans cet ouvrage, Pierre-Henri Lagedamon s'intéresse précisément aux premiers linéaments de la constitution de ce projet de société en interrogeant la pensée d'Owen, de Fourier, de Cabet et de Proudhon, quatre grands précurseurs du socialisme moderne.
Confrontés aux conséquences de l'industrialisation, ces premiers socialistes ont proposé de nouvelles façons de concevoir l'articulation des différents temps sociaux afin de garantir à chacun l'épanouissement le plus complet possible. Au travers de leurs réflexions critiques, de leurs constructions théoriques, et même de leurs expérimentations pratiques, ces penseurs ont ainsi manifesté leur ambition de réinventer la vie.