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"Toujours l'enfant, moitié nu, disparu vers l'étang ou le long d'un ruisseau d'amont au crépuscule des crossopes d'été. dans une petite boîte de laiton au couvercle du bleu ciel des tabacs, il montre à sa mère des portefaix bigarrés, lui explique que celui-ci est de telle rigole, celui-là de la berge douce s'avançant dans le sous-bois, ou encore tel autre là où les clématites jettent une arche d'où l'eau apaisée sort fleurie - il rapporte chacun là où il l'a trouvé".
Au fil du récit poétique, Pierre Gondran dit Remoux dévoile progressivement le sens de ce qu'il nomme ses "morphies" et "métamorphies" : la dérive d'un homme vers une compagnie profonde avec le végétal et une animalité réelle. Ce cheminement débute par ses herborisations toute personnelles, enfantines, et ne se résoudra qu'en abandonnant les ultimes traces de peu qui faisaient encore de lui un humain.
Pour cet ingénieur agronome, se perdre et se trouver procède d'une même respiration salvatrice : la nécessité de se déstructurer pour atteindre un sens, "[se] perdre dans les bois, et [s]'y trouver bien tout à la fois". Mais il ne s'agit pas d'un abandon, d'un renoncement : végétaux et animaux sont nommés de façon extrêmement précise, savante (on est vraiment avec lui dans la nature, brute, palpable).
Dans un élan authentique, vital, inévitable, Pierre Gondran dit Remoux nous emmène sans détours vers la forêt, l'eau, la tourbière, la fin, le début. On le suit sans résistance, avec plaisir.