Le lecteur l'a connu petit garçon, lycéen, étudiant étranger, et bûcheron, l'espace d'un été, dans le rude Colorado. Le cycle s'achève avec ce roman, où le héros découvre à Paris un univers encore plus difficile d'accès : celui de la grande presse. C'est le temps de la Nouvelle Vague du cinéma, des jeunes écrivains insolents ; l'avènement d'un monde mélangé, que traversent starlettes et bourgeoises équivoques, baroudeurs et parasites, voyous et futures célébrités. Notre débutant est d'autant plus anxieux de faire l'apprentissage d'un métier mythique et de percer les mystères de Paris qu'une menace pèse sur lui : la guerre d'Algérie se déroule, et son sursis peut être révoqué d'un jour à l'autre. Avec, pour compagnon, Wence, le noctambule dévoré d'ambition, notre jeune homme en sursis se laisse éblouir un instant par la vénéneuse Béatrice, avant de rencontrer un personnage unique, une femme-enfant nommée Lumière, qui possède un étrange pouvoir de voyance... Les portraits et les scènes foisonnent dans cette fresque dressée à vive allure, ce panorama d'une ville fascinante et d'une profession qui ne l'est pas moins. Des scènes de la dolce vita aux nuits dans les salles de rédaction ; d'une " planque " sous la pluie à la catastrophe du barrage de Fréjus ; d'une rencontre avec un poète de légende à un dimanche chez le " petit homme " qui règne sur le journalisme. Attendri mais jamais dupe, le romancier Philippe Labro se fait aussi historien d'une époque, quand la vie paraissait facile, à vingt ans, à la veille des années soixante.