En cours de chargement...
Le diocèse d'Orléans fut, à coup sûr un bastion janséniste. La ville d'Orléans fut dans le peloton de tête des villes épiscopales atteintes par ce mouvement complexe, religieux, culturel, social, politique. Les témoignages sont nombreux et les monographies locales consacrées aux chapitres et aux communautés religieuses ont relevé la propagation de l'hérésie pour les uns, des témoignages de la vérité pour les autres, dans le monde clérical et chez les laïcs.
Après l'épiscopat tolérant du cardinal du Cambout de Coislin (1666-1706), ses trois successeurs s'acharnèrent contre les curés qui en appelaient au concile contre la bulle Unigenitus, persécutèrent les communautés féminines de la ville dont les religieuses furent privées de sacrement " à la vie, à la mort " pendant des décennies. Les refus de sacrement in articulo mortis aux clercs et aux laïcs suscitèrent non seulement le scandale, mais provoquèrent de graves conflits entre l'autorité ecclésiastique et le pouvoir civil local, puis national quant il y avait appel au parlement de Paris.
Les élites administratives de la ville, mais aussi le monde opulent des négociants et raffineurs de sucre, donnèrent dans le mouvement ; le témoignage de leur bibliothèque est éloquent. Le jansénisme orléanais du XVIIIe siècle, tout comme celui de la capitale, n'est plus celui de la retraite aux champs du temps de Port-Royal ; il investit les lieux de pouvoir, la municipalité, le bailliage, les fabriques des paroisses, les écoles et l'Université, les institutions charitables.
Au bout du compte demeure posée la question du poids du jansénisme dans une décléricalisation de la société, pouvant à terme être facteur de déchristianisation.