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Avec cette prose, Ivan Bounine (1870-1953), écrivain (nouvelliste, romancier) et poète, déploie son art de la sensation, portant un regard précis et ample à la fois sur le monde qui l'entoure au travers d'une constellation de personnages de classes et de catégories sociales diverses, les uns servant les autres, chacun saisi dans une distance, et selon le degré de leur apparition, trouvant à s'incarner dans la magie de son écriture.
Qu'il s'agisse du déclin d'un monde amené à disparaître, rappelé par le nom même du paquebot qui conduit le Monsieur de San Francisco accompagné de sa femme et de sa fille dans l'Ancien Monde depuis le Nouveau Monde, l'Atlantide, jusqu'à la ville de Babylone dont il est fait référence en exergue dans une citation extraite de "L'Apocalypse" (Chapitre 18), ou du déclin d'un homme que la mort soudaine emporte, tout ici est vacuité sans que toutefois la vie ne soit abandonnée à une noirceur par trop nihiliste.
Ivan Bounine reçut en novembre 1933 le prix Nobel de littérature. C'était la première fois que ce prix était décerné à un écrivain russe. Il est mort en exil, alors en France, misérable, sans être rentré en Russie. Cette nouvelle datée d'octobre 1915, ici traduite par Christian Mouze, n'avait jamais été retraduite depuis 1934, date à laquelle elle paraissait sous la traduction de Maurice Parijanine pseudonyme de Maurice Donzel.
Une croisière à Capri
Un monsieur de San Francisco est une nouvelle écrite en 1915 par Bounine, un grand nom de la littérature russe. Contrairement à ce que laisse penser le titre, l'histoire se passe en Italie, et plus précisément à Naples. Un riche américain part en croisière avec sa femme et sa fille pour se reposer à Capri. Les descriptions sont magnifiques et donnent l'impression d'y être !
"Le jour du départ, -si mémorable pour la famille de San Francisco ! - il n'eut aucun soleil, même le matin. Une brume épaisse dissimulait le pied du Vésuve et prenait une teinte grise au contact de la houle pesante de la mer. On ne voyait aucunement Capri, comme si l'île n'eût jamais existé"