Un ombre sur l'épaule - Grand Format

Une ombre sur l'épaule est un roman baroque moderne. Jean Déchamps nous emmène dans le road-movie de son personnage central comme certains réalisateurs nous ont fait rentrer dans les films comme Psychose ou Delicatessen. C'est un long monologue intérieur émaillé de dialogues dont l'auteur nous fait interlocuteurs silencieux ; c'est l'itinéraire de la recherche de soi, la quête initiatique amoureuse d'un personnage qui semble banal, mais dont le regard qu'il porte autour de lui ne l'est pas.
Sur sa route, Arthur croise des personnages tout aussi attachants que pathétiques : ses collègues en attente de la retraite, une DRH magnifique, une serveuse de bar attendant le prince charmant, un policier improbable, un patron d'hôtel mystérieux... Tous nous disent quelque chose du désespoir d'être vivant, de la quête impossible et sans fin de l'humanité. Et qu'est-ce que la folie ? Au même moment déboulait une gamine de mon âge, belle comme les promesses que l'on se fait d'aimer et de chérir l'autre jusqu'à la fin de ses jours.
Ses boucles blondes parcouraient sa nuque et recouvraient la capuche de son manteau rouge. Ce n'était pas le chaperon de cette dite couleur, juste une petite citadine. Pas une insouciante non plus, mais déjà une sensibilité qui voulait d'un pas décidé affirmer la naissance d'une fulgurance amoureuse... Ainsi, elle fonça sur moi, ne prit pas le temps de voir la déflagration qui s'animait autour de nous.
Elle embrassa ma langue, avant de boire l'eau de pluie qui ruisselait sur celle-ci et finit par me lécher le visage. Les étoiles des luminaires pouvaient exploser en mille paillettes, les nuages s'entrechoquer dans un tonnerre de concert électrique, l'arc-en-ciel repeindre la tristesse d'un décor invariable. Elle avait touché ma peau, écartait ses bras, accrochait les miens pour nous enlacer une seconde, d'une mémoire commune.
Nous avons ridé nos yeux baignés de beauté. Elle était la première à toucher ma peau, à me surprendre par sa spontanéité face à une foule d'incrédules. Sa mère, impatiente, l'appela sans dire mot de ce qu'elle venait de voir. "- Viens ma chérie nous allons être en retard. " C'était le plus beau baiser de ma vie, jamais je ne l'oublierai...