En 1994, le public découvrait à travers un roman, Lajja (La Honte), la condition incroyablement archaïque imposée aux femmes du Bangladesh, les injures ou les violences auxquelles s'exposent celles qui osent braver le pouvoir masculin et l'obscurantisme. Son auteur, Taslima Nasreen, venait de se réfugier en Suède, avant de se fixer à Berlin, à la suite de la fatwa lancée contre elle par les intégristes musulmans. Dans ces chroniques, publiées avant l'exil, elle nous propose un tableau vivant et vrai, souvent effrayant, de la société bengalie d'aujourd'hui. Discriminations et violences dont sont victimes les femmes, mais aussi les minorités ethniques ou religieuses ; conquêtes illusoires d'un progressisme superficiel ; agression culturelle visant à imposer à ce pays un mode de vie qui lui était jusqu'ici étranger : en polémiste de talent, en journaliste courageuse, n'hésitant à braver ni l'opinion, ni le pouvoir, ni les menaces des fanatiques, elle témoigne et dénonce au nom des valeurs en lesquelles elle croit : égalité, laïcité, liberté de conscience et d'expression.