Hans Mayer fut le premier des concitoyens de Walter Benjamin à rendre compte de son suicide à Port-Bou en 1940. Il s'interrogeait déjà sur les motifs de cet acte, ponctuant un séjour en France de sept années et la recherche désespérée d'un asile : fallait-il y voir l'effet de la perte de ses manuscrits dans un paris occupé, de l'effondrement d'une culture, de l'angoisse devant l'avenir ? ... Walter Benjamin avait été lié aux plus grands hommes de son temps. Il avait connu le respect et l'amitié d'Hofmannsthal, de Rilke, de Gide, de Giraudoux, de Valéry. Les noms de Theodor W. Adorno, de Max Rychner, de Max Horkheimer, de Georg Lukacs, de Bertolt Brecht sont indissociables de sa vie et de sa pensée. Hans Mayer reprend dans le présent essai, rédigé à l'occasion du centième anniversaire de la naissance de Benjamin, le 15 juillet 1992, le fil d'un colloque ininterrompu avec l'auteur des Passages parisiens ; il met en évidence les évolutions intellectuelles, les correspondances et les confrontations des acteurs d'une époque marquée par la terreur. Analysant ainsi un destin aussi dramatique que capital, inscrit dans notre histoire récente, Hans Mayer ne se livre pas seulement aux vertiges d'une nostalgie, ou d'une ferveur rétrospective ; il se propose de dégager, avant tout, pour nos contemporains, les éléments d'un " espoir au passé ".