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La mémoire des croyances partagées et sacralisées reprend vigueur quand les flux d'images, de biens et de personnes s'accélèrent et s'entrechoquent. Les récits fondateurs et les rites qui les réitèrent offrent leurs biens de salut et leurs repères identitaires. Ainsi dans ce dossier qui part des Amériques les tabernacles en forme de tepee des églises des missions oblates amérindiennes au Québec viennent enrichir le patrimoine du pays ; l'église du Gesù au cœur de Montréal s'offre en sanctuaire de l'art moderne.
Plus au Sud, la cérémonie réactualisée du Kirikoia - les secondes funérailles des ancêtres chez les Kiangang amérindiens au Brésil - défie les empiétements territoriaux qui menacent l'identité et la mémoire collective du groupe. Dans un télescopage des mémoires, le mythe judaïque de la Terre Promise revit au cœur des utopies de refondation de la conquête évangélique du mouvement Israelita à la frontière du Pérou, et les mouvements pentecôtistes dans l'État du Chiapas au Mexique se présentent comme une alternative identitaire dans les conflits politiques locaux.
Enfin au Cap-Vert, les missionnaires brésiliens de l'Église Universelle du Royaume de Dieu, portés par les migrants de retour au pays, viennent sauver les désespérés d'une surmodernité anomique pour réinscrire le sens de leur vie dans une identité créole mêlée à la mémoire de l'esclavage. Dans le même temps, sur le vieux continent européen, comme en Italie, les flux mondiaux de populations qui traversent le pays bousculent les arrangements multiséculaires entre Église et État.
Ajoutant aux mémoires indigènes qui éclairent le présent, notre revue rend hommage à Jean Séguy, récemment disparu, qui fut son rédacteur en chef de 1981 à 1988, prenant le relais de Henri Desroche. Quelques témoignages complémentaires sur l'histoire de la revue et de ses compagnons de route accompagnent cet in memoriam.