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(...) Toutes les apocalypses qui se sont frayé un chemin dans les publics d'autrefois et de notre temps et qui ont été annoncées sans cesse, disaient-elles, disent-elles toujours la même chose ? Magnifiquement récupérés, les thèmes de la vengeance et de la destruction sont dévoyés, tantôt pliés aux nécessités de tous les pouvoirs satisfaits, tantôt asservis aux fantasmes délétères de prophètes auto-proclamés et narcissiques.
Comme l'Apocalypse de Jean entre les mains des meneurs à travers deux millénaires, nos apocalypses d'aujourd'hui, dessinées, filmées, brodées, chantées, ne jouent-elles pas de toutes les insatisfactions, de toutes les frustrations, et ne caressent-elles pas cependant les certitudes d'un proche apaisement et les tranquilles assurances d'un futur sans cesse dépassé, d'un futur qui ressemble comme un frère à un présent de rêve, si beau ? Ambivalence, ambiguïté, le combat de deux principes également fondateurs, le principe de réalité et le principe d'espérance...
Guy Lobrichon.