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Ce monde abîmé, c'est le nôtre. Innommable ou du moins difficile à nommer. "Anthropocène", "Capitalocène", "Occidentalocène"? La querelle de mots paraîtrait bien vaine, si elle ne témoignait de la gravité d'une crise qui n'épargne rien de la vie - et surtout pas son sens. Le présent numéro de Critique, conçu par Marielle Macé et Romain Noël, rouvre le dossier de nos saccages. Mais non pas sous le signe du désespoir, ni de la résignation.
Sous celui du "vivre". Les douze contributions et les deux entretiens que nous publions n'ont pas seulement valeur de bilan, mais d'appel. "Je demande à tout homme qui pense de me montrer ce qui subsiste de la vie", écrivait Baudelaire dans Fusées. Il faut répondre. Comme lui, nous nous sentons "perdus dans ce vilain monde"; comme lui, nous voulons "dater [notre] colère". Mais nous voulons aussi affirmer que dans nos ruines prolifèrent de nouveaux mondes, incertains, de nouvelles pratiques, de nouvelles alliances où cohabitent toutes sortes de vivants et d'histoires très embrouillées.
Nous voulons aussi prendre acte de ce qui se tente et parfois se libère dans ce monde abîmé.