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Jamais sans doute avant aujourd'hui on n'aura autant évoqué la nature qu'au 18e siècle. Notion plurivoque qui désigne à la fois les objets soumis aux lois physiques et le principe qui agit dans la totalité comme dans les individus, l'ensemble de toutes les choses crées et l'être intérieur de chacune, l'idée de nature est sans cesse convoquée dans les domaines les plus différents, de la théologie à l'esthétique, en passant par la métaphysique, la physique, les sciences de la vie et de la terre, la philosophie morale et politique… La notion se trouve au coeur d'une série de conflits et cristallise l'expression des bouleversements de l'histoire intellectuelle de la modernité et les problèmes nouveaux qu'ils posent.
Dans quelle mesure la science peut-elle s'autonomiser par rapport à la métaphysique ? Dans quelle mesure la morale et la politique peuvent-elles s'affranchir de la théologie ? Que veut dire l'idée de norme naturelle dans un moment où le regard sur la nature est en pleine évolution et où l'on ne sait s'il faut y voir un ordre finalisé témoignant de la bonté du créateur ou un chaos se débrouillant suivant des lois immanentes, une matière passive obéissant mécaniquement à un plan ou une puissance vitale d'engendrement perpétuel ? Cinquante ans après la publication du livre classique de Jean Ehrard, L'Idée de nature en France dans la première moitié du18e siècle, il était temps de revenir, dans un grand numéro de synthèse interdisciplinaire, sur un thème qui a acquis, ces dernières années, une nouvelle actualité.
Notre inquiétude contemporaine à l'égard de la nature invite à interroger à nouveaux frais l'histoire des rapports que nous entretenons avec elle et avec son idée, la façon dont elle est décrite, interprétée, conçue, imaginée, habitée ou transformée. La seconde partie de cette livraison propose un ensemble de dix-sept articles portant sur l'histoire, l'histoire des idées, la littérature,ainsi qu'un dossier de cinq études sur la chimie.
Des notes de lecture, portant sur près de 200 ouvrages récents consacrés au 18e siècle, en forment la troisième partie.