Enfance Volume 64 N° 3, Juil

De nombreux auteurs considèrent la puberté comme la transition objectivable vers l'âge adulte, une définition claire pour une période particulière de la vie, reléguant les changements dans les sphères sociale, émotionnelle et cognitive au rang de conséquences secondaires de la maturité sexuelle. Et si l'on définissait l'adolescence comme la période où le développement change de cap ? D'importants remaniements interviennent à partir de 13-14 ans, en interaction avec des changements cognitifs, métacognitifs et comportementaux.
Piaget avait déjà montré un tournant dans l'accès au raisonnement logique. La théorie de l'esprit continue de se développer dans l'auto-analyse fine, et s'attaque aux savoirs qui ne sont pas inébranlables. De quoi faire chavirer les normes et les valeurs, et harceler les parents mis en demeure d'expliquer le pourquoi de leur positionnement éducatif, moral et politique. De quoi aboutir aussi au scepticisme résumé par le "bof".
Les adolescents qui gagnent en vitesse, en efficience et en empan de traitement cognitif, peinent encore cependant à contrôler l'attention et inhiber les comportements indésirables. La créativité explose au cours de la "tempête développementale", concourant à une représentation et à une expression positive de soi. La construction de choix professionnels permet de réduire la phase d'indécision qui sinon pourrait s'éterniser.
Point-clef longtemps négligé, l'adolescent n'est pas seul à changer. La dynamique familiale est importante et reste à étendre à un encouragement aux prises de responsabilités sociales et à la participation à des objectifs collectifs. L'adolescence est une promesse : à nous qui entourons les jeunes de les aider à la réaliser. Ce numéro y contribue avec toute la compétence et la subtilité des spécialistes ici réunis.