Ile au milieu des terres, creuset où se fondent tant de provinciaux, beaucoup d'étrangers et si peu de Parisiens, l'Ile-de-France est sujet poétique, enjeu politique, carte économique majeure et chaudron social à haut risque. Dire "Ile-de-France", c'est aussitôt peindre, à la manière de Caillebotte, Renoir ou Maupassant, une toile subtile où les bois et les eaux se peuplent de couples "canailles". Dire "Ile-de-France", c'est aussi dresser un tableau où les chiffres se pressent : 2 % du territoire, 19 % de la population, 3 000 milliards de produit intérieur brut... C'est rester étourdi par tant de richesses, de mouvements, d'inventions, d'échanges. C'est être ébloui par tant de lumière que pauvreté, solitude et détresse se retranchent derrière l'anonymat de la multitude. Paris peut-il exister sans son anneau francilien ? Paris, qui, aujourd'hui encore, se nourrit de cette "réserve", de ce "domaine" que, tel un suzerain, elle exploite directement, trouvant là terroirs pour ses productions agricoles, terrains pour ses industries, espace pour son expansion, hommes pour ses besoins. L'Ile-de-France est un écrin composé de trois anneaux : l'un, celui de l'alliage des hommes et des cultures, serait d'airain ; le second, celui des savoirs et des savoir-faire, serait de fer ; le troisième, celui du pouvoir, serait d'or.