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A voir le nombre actuel de travaux qui lui sont consacrés, le lieu commun, qui fut pourtant longtemps un paria et un proscrit, semble aujourd’hui populaire. Mais sa récente réhabilitation dans le paysage de la critique contemporaine aurait de quoi faire réfléchir la critique elle-même. Qu’avait-elle perdu en le vouant aux gémonies, si ce n’est peut-être ce «commun», ce lieu pour la communauté ? Et nous, qu’espérons-nous faire avec le lieu commun, si ce n’est réconcilier l’activité lettrée avec sa dimension politique, et par là défendre la place des humanités dans l’espace public ? Telle est donc l’hypothèse : le lieu commun, banal et abandonné, laissé au public et aux discussions de café, aurait à voir avec la chose publique et notre propre désir de communauté.
En remontant aux sources de la pratique «humaniste» des lieux communs à la Renaissance, jusqu’à leur traitement dans l’enseignement et dans la transmission de la culture, les différents articles réunis ici entendent réinterroger la dimension proprement politique de l’usage des lieux communs par les lettrés de jadis et les critiques de naguère, mettant à l’épreuve le pont que cette culture entend jeter entre les générations via l’institution des «humanités» comme ciment d’une communauté à travers les âges, dans une prétention pacifique et universelle mais au risque de l’exclusion des individus.