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Le numérique est le grand bouleversement contemporain de la culture. Mais après l'euphorie utopique apparaît aujourd'hui un retour à une dystopie numérique, avec notamment la surveillance des individus, le contrôle de leurs données et la question de leur utilisation. C'est ainsi que l'individu navigue - à l'aveugle ou pas - en eau trouble : entre ombre et créativité, entre individualisme et communauté virtuelle.
L'accueil des jeunes patients d'aujourd'hui ne saurait faire l'impasse de ces bouleversements. S'appuyant sur la pratique de différents professionnels du soin, ce numéro développe l'idée que, quelle que soit notre fonction, nous sommes amenés à penser les dispositifs numériques avec lesquels les enfants et les adolescents construisent et développent leur subjectivité, mais également pourquoi pas, à en construire de nouveaux dans un objectif de soin.
En cela, nous continuons d'être des explorateurs de soi, de l'autre, au gré des transferts qui se nouent dans la relation que chaque sujet entretient avec le numérique et ses autres virtualisés. Au confluent de la clinique et de la politique, de la question du transfert et du travail de la culture, nous souhaitons contribuer à penser nos pratiques au plus près du patient ou de l'usager, et veiller à ce que le mouvement de virtualisation-actualisation, tel que l'a décrit Deleuze, soit toujours actif, que du virtuel se créent un lien, une présence, une parole actuelle et bien réelle.