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Au Machrek (Proche-Orient) comme au Maghreb, les femmes sont des actrices incontournables des mouvements de contestation et des luttes pour la démocratie. En 2011, Tunisiennes, Egyptiennes, Libyennes, Syriennes et Yéménites ont investi massivement les révolutions arabes, elles ont manifesté et mobilisé les réseaux sociaux pour dénoncer et alerter l'opinion publique nationale et internationale sur leurs conditions de vie.
Mais ces mouvements de femmes ne sont pas inédits, les femmes arabes n'ont pas attendu les révolutions pour s'imposer dans le champ contestataire et politique. C'est ce que montre le texte de Sandrine Mansour qui ouvre le Grand angle : au cours du XXème siècle, les femmes dans les pays arabes n'ont cessé de lutter contre les puissances coloniales et les régimes des états indépendants contrôlés par une classe politique majoritairement masculine.
Plusieurs témoignages dans la rubrique Parcours, notamment de Syriennes, rendent aussi compte des multiples formes de résistances politiques et féministes que développent les femmes des pays arabes. Centré sur la continuité des luttes féministes dans ces pays, le numéro examine de plus près certaines mobilisations actuelles, en particulier en Egypte (Dina Beblawi) et au Liban (Marie-Noëlle Abi Yaghi).
Ces textes montrent que si les révolutions ont ouvert des espaces de liberté et de parole, les rapports de genre sont encore fortement inégalitaires et excluent les femmes des lieux de pouvoir. Ces difficultés ne sont pas spécifiques aux femmes arabes, elles renvoient au contraire à une question partagée entre les mouvements ici (en Europe, en Occident) et là-bas (dans les pays arabes) : quelle place est donnée aux femmes et à la cause féministe dans les luttes politiques ? Ou pourquoi la question de la domination masculine est-elle exclue du champ conceptuel politique ?