Pour N° 188, Décembre 200

Incendies meurtriers d'immeubles à Paris, incendies de voitures dans plusieurs villes de France, ces drames, révélateurs du " mal vivre " ensemble, nous bouleversent en tant qu'individus, nous indignent en tant que citoyens, nous interrogent en tant que professionnels de l'urbain et nous interpellent en tant qu'association d'éducation populaire. Lieu d'harmonie et de conflits, de solidarité et d'inégalités, de concentrations de richesses et de très grande pauvreté, la ville est le paradigme des contradictions de nos cultures et de nos sociétés. Aujourd'hui plus que jamais semble être d'actualité la phrase de Le Corbusier " La ville moderne est un cancer qui se porte bien ". Inutile de multiplier les interventions sur le cadre physique de nos villes et de nos cités comme s'il était le responsable des incivilités. Alors que nous savons tous que l'identité de ces cités est faite d'absences : pas de travail, pas de formation, pas de transports, peu d'équipements, de services et de commerces, pas de repères ni de lieux symboliques, pas de projets. Alors, quel avenir ? Il s'agit de savoir si nous voulons faire le bonheur des gens ou si nous leur reconnaissons le droit de décider eux-mêmes de leur vie et de leur avenir ; et si, en tant que citoyens-citadins, nous avons le droit d'être des acteurs de la vie de la cité. Alors nous nous battrons contre tout ce qui vise à nous réduire à la condition de spectateurs de " la comédie urbaine ".