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L'effroi ou l'admiration devant des particularités physiques a souvent engendré la marginalisation de ceux qui en étaient victimes. Qu'elle consiste en une simple différence surprenante comme la rousseur, un défaut de perception sensorielle : celui de l'aveugle, du sourd ou du muet, une caractéristique jugée monstrueuse (étymologiquement, qui mérite d'être montrée) : celle du géant ou du nain, qu'elle s'étende à un comportement jugé inadéquat : le rire du fou ou l'écriture "sinistre" du gaucher, qu'elle consiste même en un excès de beauté, la particularité physique inquiète, suscite une crainte superstitieuse.
Perçue comme un signe envoyé par les dieux, elle fut d'abord interprétée comme la marque du démon ou d'une nature hybride et bestiale. Curieusement, on prête simultanément au "monstre" qui fait peur des pouvoirs surnaturels, comme à l'aveugle de voir l'invisible. Le romantisme réhabilita ces maudits, victimes d'un destin funeste et suscita une autre lecture : sous l'angle de la critique sociale, surtout si "l'anomalie" est liée à une maladie ou un accident.
Le fantastique et la science-fiction se sont emparés du thème pour mettre en scène une particularité imaginaire à portée symbolique. L'ouvrage explore le sujet à travers les siècles, de l'Antiquité aux Temps modernes, dans les littératures française, francophone ou étrangère ainsi que dans la peinture.