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Le Littré distingue deux acceptions pour l'adjectif "errant" selon que l'on retient iterare ou errare comme origine étymologique. Iterare signifie voyager, errant prend alors le sens de qui voyage sans cesse comme dans l'expression, chevalier errant ou juif errant. Errare quant à lui définit le fait d'aller à l'aventure puis de faire fausse route, de se tromper. Cette homonymie rapproche alors errance de erremment et de erreur.
L'erreur n'est-elle pas alors la rançon ou la cause de cette errance hors des repères protecteurs établis par les sédentaires ? L'errant qui s'éloigne du "droit chemin" est donc souvent perçu comme un marginal et son errance dès lors vécue comme une punition, voire une malédiction. Mais cette punition peut être une épreuve conduisant à une régénération. L'errance marque alors une étape de rupture avec le groupe, pérégrination qui met en péril l'identité voire l'intégrité du moi qui se dissout pour renaître autre.
L'errance implique donc le risque de se perdre, mais qui ne quitte jamais "les sentiers battus" ne sortira jamais de l'ornière de l'habitude pour découvrir l'inconnu. C'est toute l'ambivalence de cette errance à la fois géographique et mentale, dangereuse et créatrice. Car l'errance qui n'est pas subie mais choisie, voire élue peut aussi être synonyme de liberté, de disponibilité à l'instant et de découverte.
Loin des errements de la folie ou des divagations vaines, elle se fait alors sœur de l'espérance. Cet ouvrage explore la présence et le recours à ce thème aux multiples facettes dans la littérature, de l'antiquité au moyen âge et du XVIIe siècle à nos jours, en privilégiant la période contemporaine, en France et à l'étranger jusqu'en Allemagne et au Japon.