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Ce volume analyse les liens entre pouvoir et émotions à l'époque moderne, en France et en Espagne. Il éclaire ainsi, de manière significative, notre présent tout en s'inscrivant dans une histoire renouvelée des sensibilités. Les rapports de pouvoir et de domination (aux plans politique, économique psychologique ou symbolique) s'inscrivent dans une dimension sensible, s'exprimant par des émotions (adhésion, résistance, joie, tristesse, amour, haine, colère...) individuelles ou collectives qui peuvent aussi bien renforcer les structures de décision que les fragiliser et participer à leur contestation.
L'exercice du pouvoir et de l'autorité, de l'Antiquité au XIXe siècle, pose ainsi la question des émotions ressenties par ceux qui gouvernent ou qui sont gouvernés, et surtout, des traces qu'elles impriment dans les représentations. L'articulation entre la fermeté menaçante du pouvoir et la subtilité rassurante du sensible invite également à se pencher sur la circulation et l'utilisation des émotions entre le Léviathan moderne et le public qui en redoute autant le courroux que la fausse charité.
Cette perspective offre un angle d'approche original pour étudier l'histoire du politique et des formes de domination à travers le dialogue entre l'Etat et ses créatures, entre ce qui paraît souvent insensible et ce qui, au contraire, est parfois trop sensible.